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Les Veneres du Catalogue manuscrit (vers 1732)

Selon l’édition du Catalogue de 1999, plusieurs ouvrages renvoyant à une section « Veneres », inexistante, suggéraient la disparition des pages correspondantes ; en effet plusieurs renvois ne débouchent sur rien 1 , tandis qu’on trouve mainte page arrachée ou coupée dans le Catalogue, toute une section ayant même pu disparaître à la fin du volume 2 . De là à croire qu’une main prude et bien intentionnée serait intervenue…

De nouvelles observations vont cependant contre une telle interprétation, car certains renvois 3 désignent une entrée bien réelle du Catalogue. Ces entrées présentent une caractéristique commune : elles appartiennent à la section « Mithologici, Fabularum scriptores, Romanenses, Amatoria, Satyrici &c ». C’est le cas de l’Éloge de la folie d’Érasme, du De pulicibus de Zaunchlifer, de l’Histoire des Vestales, plus justement titrée Anecdote ou histoire secrète des Vestales de Louis de Mailly 4 . Ainsi les Veneres existent, et parlent d’amour, comme le font souvent les romans, et sans qu’il y ait lieu d’y voir quelque réprobation morale, même si cette section contientVenus in the cloister or the nun in her smock, autrement dit Vénus dans le cloître ou la religieuse en chemise en anglais 5  ; peut-être était-ce tout simplement pour Montesquieu (ou son secrétaire ?) une abréviation qui permettait de désigner rapidement, et sans entrer dans la distinction des genres, une catégorie qui englobe tant de formes différentes.

À cette réserve près qu’on voit mal comment il aurait pu y faire entrer la fort sérieuse Histoire des Vestales, suivie d’un traité du luxe des dames romaines de l’abbé Nadal – mais il est manifeste qu’il y a eu confusion entre cet ouvrage et Anecdote ou histoire secrète des Vestales d’un habitué de la littérature galante, Mailly, comme le montre la formulation retenue pour l’une des apparitions de cet ouvrage, « Vestales Histoire secrette des » 6 . Autre difficulté : celle que pose la Satire Ménippée 7 , qui ne parle guère d’amour… Il semble qu’en l’occurrence, c’est la verve satirique et le caractère génériquement inclassable de l’œuvre qui justifie sa désignation parmi les Veneres.

La section des Veneres existait donc bien – il suffisait de la reconnaître sous son déguisement.

Notes

1 Ainsi pour les Lettere amorose de Brusoni (no 2277), le Voyage du Parnasse de Limojon de Saint-Didier (no 2126), l’Histoire des vestales de l’abbé Nadal (no 2858), la Satire Ménippée (no 3008). Ce sont en tout sept entrées qui renvoient aux « Veneres ».

2 Ce sont les pages 483-484, 525-530, 563-564, 599-610.

3 Rappelons que ces renvois procèdent d’une étape seconde dans l’élaboration du Catalogue manuscrit (voir Genèse du Catalogue, « Jeux et réflexions »).

4 Respectivement no 671 renvoyant au no 2239, no 2348 au no 2255, no 2887 au no 2273.

5 Sous deux numéros, à quelques lignes l’un de l’autre : nos 2270 et 2272.

6 No 2273.

7 No 3008.