Sextus Empiricus
Adversus Mathematicos_VII_XI

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Τί οὖν; τὸ πεῖθον ἡμᾶς, τὸ πιθανὸν ῥητέον ἀληθές, ὁποίαν ποτὲ ἂν ἔχῃ οὐσίαν, εἴτε αἰσθητὴν εἴτε νοητὴν εἴτε τὸ συναμφότερον, αἰσθητὴν ἅμα καὶ νοητήν;ἀλλὰ καὶ τοῦτο τῶν ἀπόρων. εἰ γὰρ τὸ πιθανὸν ἀληθές ἐστιν, ἐπεὶ οὐ τὸ αὐτὸ πάντας πείθει οὐδὲ διὰ παντὸς τοὺς αὐτούς, δώσομεν τὸ αὐτὸ καὶ ὑπάρχειν καὶ μὴ ὑπάρχειν καὶ τὸ αὐτὸ ἀληθὲς ἅμα εἶναι καὶ ψεῦδος˙ ᾗ μὲν γὰρ πείθει τινάς, ἀληθὲς ἔσται καὶ ὑπάρχον, ᾗ δὲ ἑτέρους οὐ πείθει, ψεῦδος καὶ ἀνύπαρκτον. ἀδύνατον δέ γε τὸ αὐτὸ καὶ εἶναι καὶ μὴ εἶναι, ἀληθές τε ὑπάρχειν καὶ ψεῦδος˙ τοίνυν οὐδὲ τὸ πιθανόν ἐστιν ἀληθές. ἐκτὸς εἰ μή τι τὸ πολλοὺς πεῖθον, τοῦτ' ἐροῦμεν ἀληθές˙ τὸ γοῦν μέλι πολλοὺς μὲν πεῖθον ὑγιαίνοντας ὡς γλυκύ, καὶ ἕνα μὴ πεῖθον ἰκτερικόν, ἀληθῶς λέγομεν γλυκύ. ὅπερ ἦν ληρῶδες. ὅταν γὰρ περὶ ἀληθείας σκεπτώμεθα, τότε οὐκ εἰς τὸ πλῆθος τῶν συμφωνούντων δεῖ ἀποβλέπειν ἀλλ' εἰς τὰς διαθέσεις. μιᾷ δὲ διαθέσει κέχρηται ὁ νοσῶν καὶ μιᾷ κατασκευῇ πάντες οἱ ὑγιαίνοντες. οὐ μᾶλλον οὖν τῇδε τῇ διαθέσει ἢ τῇδε πιστευτέον ἐστίν, ἐπεὶ ἀναστρόφως ὑποτεθέντος τοῦ πολλοὺς πικράζεσθαι ὑπὸ τοῦ μέλιτος οἷον πυρέσσοντας, ἕνα δὲ γλυκάζεσθαι τὸν ὑγιαίνοντα, πάντως ἀκολουθήσει πικρὸν λέγειν τὸ μέλι˙ ὅπερ ἄτοπον. τοίνυν ὡς ἐνθάδε παρέντες τὴν κατὰ τὸ πλῆθος μαρτυρίαν οὐδὲν ἧσσον γλυκύ φαμεν τὸ μέλι, οὕτω καὶ ὅταν πολλοὶ γλυκάζωνται, εἷς δὲ πικράζηται, παρέντες τὸ διὰ τὸ πλῆθος τῶν οὕτω πασχόντων γλυκὺ καλεῖν τὸ μέλι, ἄλλως τἀληθὲς ἐξετάζωμεν.
Qu'est-ce à dire ? Ce qui nous persuade, le plausible doit-il être dit vrai, quelle que soit sa nature, qu'il soit sensible, intelligible ou les deux à la fois, sensible et intelligible ?Mais chacune de ces options est une aporie. En effet, si le plausible est vrai, puisque ce n'est pas la même chose qui persuade tout le monde, ni toujours les mêmes personnes, nous devrions dire que la même chose existe et n'existe pas, et que la même chose à la fois est vraie et fausse ; car en tant qu'elle en persuade certains, elle est vraie et elle existe, et en tant qu'elle n'en persuade pas d'autres, elle est fausse et inexistante. Mais il est impossible que la même chose soit et ne soit pas, qu'elle soit vraie et fausse. Donc le plausible n'est pas vrai. A moins que ce qui persuade le grand nombre, c'est cela que nous appelons le vrai. Certes, du miel, qui persuade un grand nombre de gens en bonne santé qu'il est sucré et qui n'en persuade pas la personne qui souffre d'un ictère, nous disons en vérité qu'il est sucré. Mais c'est idiot. Car puisque notre recherche porte sur la vérité, alors il ne faut pas prendre en considération le nombre de ceux qui tombent d'accord, mais les dispositions. Le malade est dans une seule disposition et tous ceux qui sont en bonne santé dans un seul état. Or, telle disposition n'est pas davantage fiable que telle autre ; puisque si nous faisons l'hypothèse contraire, que le miel soit amer pour de nombreuses personnes, par exemple parce qu'elles sont fiévreuses, mais que pour une seule personne, en bonne santé, il soit sucré, il s'ensuivrait assurément que nous disions que le miel est amer, ce qui précisément est absurde. Donc de même que, comme tout à l'heure, outrepassant le témoignage du nombre, nous ne disions pas moins que le miel est sucré, de même lorsque pour un grand nombre il est sucré, mais pour une personne amer, nous renonçons de dire qu'il est sucré pour la raison du nombre de personne qui le ressentent comme sucré, et examinons la vérité d'une autre manière.
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